Collonges et La Vigne

In Vino veritas: texte le l'ancien jeu de l'oie...

In vino veritas (Dans le vin la vérité)

 

Quelle était la place de la vigne à Collonges ?

 

Pour tenter d’y voir plus clair, épluchons d’abord le mot « Collonges » : tiré du gallo-romain colonicas, il signifie maison du colon « romain » bien entendu !

 

Un brave romain qui passait par là, s’est dit : « tient, un petit coin abrité du nord » ! (regardez à droite, la colline, c’est 500m, et sous vos pieds 200m : voilà un bel abri pour manger les traditionnels petits pois au 3ème dimanche de mai, pour la fête de Collonges ! plus tard les géographes diront « micro-climat »).

 

Et voilà notre romain qui plante un sarment, défriche une autre parcelle, appelle ses copains qui font souche !

 

Plus tard, quand vivait un certain Charlemagne, en 785, le comte Eudes de Limoges fait don de Collonges et de ses annexes à l’abbaye de Charroux en Poitou, et ça va durer et perdurer… 10 siècles !

 

Il faudra une sacrée réforme, 1789, pour que Charroux abandonne une partie de ses 362 possessions dont Collonges.

 

Mais la vigne dans tout ça ? c’est une autre attaque, une sale maladie , le phylloxéra qui attentera à sa vie un siècle plus tard , et, encore un siècle plus tard , bien malin qui peut dire comment était le paysage essentiellement viticole collongeois pendant toutes ces années.

 

Ce qui est sûr c’est qu’il n’y avait pas de châtaigniers sur les pentes de la colline limousine derrière nous, ni tous les chênes et les broussailles sur les collines des serres, seulement des échalas et des souches

 

Le vin était la principale ressource du pays, très abondant et de bonne qualité ; au XVIII°, les vins de Collonges sont taxés à un prix légèrement supérieur à ceux de Meyssac, c’est tout dire !

 

Les vins blancs de Collonges étaient réputés d’excellente qualité. Ils étaient vendus à Tulle, Argentat et vers l’Auvergne ; on les retrouvait aussi flottés par les gabares de la Dordogne vers Libourne ou Bergerac.

 

Les cépages dont on se souvient à Collonges étaient le muscat, le bordelais, lo pel de perdigal,( le pied de perdreau), lo jaquet (qui se traduit aussi par pèlerin de St Jacques !), cépage délicat qui donnait un vin très fin, et maintenant depuis l’épisode « phylloxéra », les américains, herbemont, apprécié pour le vin blanc et le vin paillé, le quinengam, lo borisco, lo chasselas repestri.

Ramassé dans « lo gesto » et « la basta », corbeille ou baste, le raisin est versé dans la cuve : deux ou trois hommes pour le moins pieds nus et pour le plus entièrement nus, prêts à suivre une très ancienne tradition bachique dansent dans la vendange ; après huit jours de fermentation, on soutire le jus dans une « seille » de cuivre, où est placée une clé de fer. Cela permet, entre autre, de retirer au vin tout odeur malencontreuse de soufre si on s’est un peu trompé dans les dosages ! (voir dans la grange : la baste en cuivre des noix actuellement)

 

C’est le vin nouveau de l’automne : il n’est pas rare à l’époque de passer la nuit à deviser devant la cheminée, entre une baste de vin et un panier de noix fraîchement ramassées…. entre hommes évidemment, a-t-on jamais vu un Bacchus en jupons ?

 

Ensuite mis en barriques, on le transportait facilement en outres de peaux de chèvres tannées pour le commercialiser.

 

Les usages du vin : « lo chabrol »

 

Le vin est intimement lié au pain cuit dans le four banal de Collonges, jusque dans les années soixante.

 

Ce pain était la base d’une alimentation un peu oubliée : la soupe de pain trempée, consommée cinq fois par jour dans les périodes d’activités rurales intenses, accompagnée de sa rasade de vin rouge, (le collongeois en manque est hélas capable de tout : on a vu des Collongeois, dans le midi, faire « chabrol » d’une soupe de poissons… au vin blanc puisque c’est tout ce qu’il y avait sur la table, et ne pas rougir du geste !).

 

C’est un véritable coup de fouet qui permet de tenir le coup pour assurer fenaisons, moissons et autres récoltes.

 

Si nous le pratiquons peu en été, chez nous l’hiver, les assiettes calottes sont sur la table du soir : rien de tel pour chasser un rhume qui s’annonce !

 

On entend souvent demander à Collonges :

 

  • « De quand datent les maisons de votre village ?

  • Oh ! elles ne sont pas très vieilles : XVI°, XVII°, ou XIX°, mais ce qui est bien plus ancien ne se voit pas, et se trouve sous vos pieds : se sont les caves « perdues » suite aux effondrements successifs de maisons vétustes, n’oubliez pas que les collongeois on été jusqu’à 2000 habitants ! »

 

 

 Imaginez un peu les hectos de vins fabriqués à Collonges : in vino véritas !